Le jeudi 8 février dernier se tenait le colloque parisien organisé par la Défenseure des droits, Claire Hédon. Représentée par notre administratrice nationale, Mme Danièle Larvor, Générations Mouvement a pu s’enrichir des échanges sur les discriminations en tout genre et les différents leviers pouvant être mis en œuvre pour lutter contre celles-ci.
Crédit photo : Facebook Défenseur des droits
Des discriminations passées sous silence !
Le constat est clair pour Mme Hédon, les discriminations sont insuffisamment déclarées pour diverses raisons et les personnes qui en sont victimes n’ont pas toujours conscience de l’être. Les conséquences directes de ces actions sont des barrières souvent infranchissables dans les domaines tels que le logement, le travail, la scolarité ou encore l’accès aux soins …
Malgré une hausse des recensements de discrimination les recours restent faibles. Selon l’INSEE 19% des personnes de 18-49 ans déclarent avoir subi « des traitements inégalitaires ou des discriminations » entre 2019 et 2020, contre 14% entre 2008 et 2009. Du côté du Défenseur des droits, 115 000 réclamations ont été effectuées en 2021 soit une hausse de 18,6% par rapport à 2020, année qui avait déjà connu une hausse de 10% par rapport à 2019. Toutefois, seulement 8% des personnes discriminées entreprennent une réelle démarche et seulement 2% portent plainte.
Vers une justice plus dissuasive !
L’action contentieuse, quand elle aboutit, ne permet bien souvent que la réparation du préjudice individuel de la victime, sans sanction réellement dissuasive envers le discriminateur. Malgré les solutions d’accompagnement mises en place par le gouvernement jusqu’ici, les résultats escomptés ne sont toujours pas atteints.
En effet, février 2021, la plateforme antidiscrimination.fr voit le jour. Service de signalement et d’accompagnement des victimes de discriminations, doté d’un numéro à 4 chiffres 3928, la plateforme ne permet pas à elle seule de faire basculer la tendance actuelle.
La Défenseure des droits recommande ainsi la création d’un organe indépendant de lutte contre les discriminations pour encourager et développer la mise en œuvre d’actions correctrices : l’Observatoire National des Discriminations.
Crédit photo : Facebook Défenseur des droits
Principe d’égalité : le droit fondamental à la non-discrimination !
La lutte contre les discriminations implique sensibilisation, pédagogie, déconstruction des « à priori »… et est avant tout une question de droits ! L’éducation à la non-discrimination doit être une action collective et une bataille qui doit avoir lieu dès l’enfance. Les associations, par exemple, peuvent aider à rendre visibles des situations ou des problèmes ignorés.
Claire Hédon souhaite ainsi constituer un réseau d’acteurs afin de partager leurs expériences pour les enrichir et d’amplifier leurs actions en faveur de cette lutte. Ce réseau se met en place petit à petit et différentes rencontres se préparent déjà pour avancer sur le sujet.
La suite du colloque à permis à plusieurs personnalités de témoigner des différentes formes de discriminations vécues au sein de leur secteur d’activité ; En entreprise, au niveau de l’embauche, de l’évolution des carrières, des conditions de travail… ; à l’université avec l’accès aux inscriptions, aux formations … ou encore envers les gens du voyage. Par la suite, Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT et Céline Verzeletti, membre du bureau confédéral de la CGT, ont pu témoigner de l’importance de l’action des syndicats au sein des entreprises. Informer, protéger, accompagner les salariés et veiller au respect de la non-discrimination que ce soit en matière d’origine, de sexe, d’âge et/ou de santé est primordial.
Des lois en la matière sont promues régulièrement, par exemple notamment dans la fonction publique en 2018, prévoyant accord sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Cette obligation a ensuite été élargie à l’ensemble des faits de discrimination. Les syndicats sont donc là, entre autre, pour veiller au respect des droits et des lois, pour accompagner et défendre les personnes en cas de non-respect de ceux-ci.
Un seul regret pour Générations Mouvement lors de ce colloque, aucune intervention de personnalité relatant de discriminations envers les personnes âgées ou en situation de handicap. Et pourtant, selon le Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie (CREDOC), en 2022, 77% des personnes âgées disent avoir ressenti une discrimination due à leur âge et 76% due à leur handicap).